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Devenir traducteur professionnel

Travailler au sein d’une entreprise et d’une équipe ou seul depuis son bureau, entre salariat et indépendance, le choix d’un statut est parfois un casse-tête pour le traducteur professionnel. Pour se placer dans le secteur de la traduction, il est nécessaire de prendre conscience de ses propres attentes et des perspectives qu’offre le métier car le métier de traducteur a peu en commun avec ce qu’il était à la fin du siècle dernier. Choisir cette voie c’est orienter sa carrière vers l’entreprenariat individuel et faire face à une concurrence intense et mondialisée.

Nouveau marché, nouvelles règles

Le marché de la traduction est extrêmement atomisé, il existe presque d’autant d’entreprises que de prestataires. Depuis la révolution Internet ce marché à profondément changé de physionomie, le traducteur professionnel n’est plus, comme par le passé, rattaché à une entreprise ou une agence de traduction. De moins en moins de traducteurs sont salariés dans des agences ou dans les entreprise. L’outsourcing devient progressivement la règle.

Pour devenir traducteur, il faut évidemment une passion pour les langues et les pays étrangers. La plupart des traducteurs professionnels ont une relation particulière avec les langues, ils ont souvent voyagé très tôt ou sont issus d’une famille ou les parents ne sont pas originaires du même pays. Un apprentissage des langue réalisé dès l’enfance explique que beaucoup de traducteurs ont une langue maternelle et une seconde langue quasi maternelle.

L’étape numéro 1 : l’école de traduction

Les progrès de la traduction automatique rendent certaines tâches de traduction plus accessibles aux non-professionnels, augmentant la concurrence pour les traducteurs freelance. De la même manière, en simplifiant la mise en relation client-fournisseur, Internet à favoriser l’émergence d’une foule de traducteurs autodidactes qui créent une concurrence très forte entre traducteurs. Peu ou pas diplômés, ces traducteurs improvisés tentent de s’imposer en réduisant leur prix de vente, une pratique qui tend à tirer les tarifs vers le bas et sans doute également la qualité. Officiellement, aucun diplôme n’est obligatoire pour exercer le métier de traducteur mais seule une formation aux métiers de la traduction peut procurer les compétences nécessaires à la pratique de ce métier fondé sur une approche particulière des langues et sur des connaissances techniques spécifiques.

Les institutions dédiées à la formation de traducteurs et d’interprètes offrent une diversité de cursus portant sur différentes langues et spécialités, incluant la traduction littéraire, technique et médicale. Ces formations intègrent à la fois des enseignements théoriques et pratiques sur l’art de la traduction, tout en mettant l’accent sur l’usage des technologies contemporaines telles que les outils de traduction assistée par ordinateur. Elles apportent une connaissance académique très utile à quiconque souhaite devenir traducteur professionnel.

Traducteur professionnel salarié ou traducteur indépendant ?

Chez le traducteur professionnel salarié ou l’indépendant, les tâches et les carrières ne sont pas exactement les mêmes. Le choix d’un statut s’effectue après une analyse approfondie de ces deux profils, mais aussi de son propre tempérament, de ses envies et de ses ambitions.

Tranquillité pour le traducteur professionnel salarié

Employé d’un service de traduction d’une entreprise ou d’un organisme international, le traducteur salarié s’intègre dans un environnement établi : hiérarchie, outils spécifiques, domaines d’activités…

S’il travaille en agence, le traducteur traduit de nombreux projets plus ou moins simultanément et traite plusieurs domaines. L’agence ayant à coeur de rentabiliser le coût de son traducteur salarié, elle cherchera à remplir son emploi du temps en lui confiant parfois des traductions dans des domaines qu’il ne maîtrise pas. Mais sa marge de manoeuvre salariale est en général plus élevée que chez l’annonceur. Traducteur professionnel salarié en agence de traduction est un emploi plutôt réservé aux jeunes traducteurs aimant les challenges, la diversité et le rythme de travail élevé.

Chez l’annonceur, le rythme de travail est plus calme et les sujets sont souvent les mêmes. Le traducteur salarié chez l’annonceur peut donc perfectionner ses connaissances dans un domaine particulier et en devenir expert. On lui donne beaucoup de temps pour travailler, c’est un emploi beaucoup plus confortable qu’en agence.

Dans les 2 cas, le traducteur professionnel salarié jouit d’une sécurité d’emploi, d’un salaire fixe et travaille sur des missions déjà négociées.

Traducteur professionnel salarié au sein d’une organisation internationale

Devenir traducteur salarié à l’ONU, par exemple, est une profession très spécialisée et hautement compétitive. Les traducteurs de l’ONU sont chargés de traduire une grande variété de documents officiels, de discours, de résolutions, de rapports et d’autres textes dans les langues officielles de l’organisation, qui sont actuellement l’anglais, le français, l’espagnol, le russe, le chinois et l’arabe.

Pour devenir traducteur salarié à l’ONU, les candidats doivent montrer une formation approfondie en traduction, une excellente maîtrise de deux langues officielles de l’ONU et une connaissance spécialisée dans divers domaines tels que le droit international, l’économie, les affaires sociales, la politique, etc. Ils travaillent dans un environnement multiculturel et multilingue, où la précision, la clarté et la sensibilité culturelle sont primordiales. Ils doivent également être capables de travailler sous pression et respecter des délais serrés.

Le processus de recrutement pour devenir traducteur à l’ONU est rigoureux et comprend généralement des examens écrits et des entretiens. Une fois recruté, le traducteur exerce à New York, Genève, Vienne ou dans d’autres bureaux régionaux de l’ONU à travers le monde.

Autonomie et polyvalence pour le traducteur freelance

Le traducteur freelance gère à la fois ses missions, son entreprise et doit trouver ses clients. Travaillant généralement de chez lui, il peut aménager son temps de travail et ses horaires librement. Les sujets à traiter et les domaines d’intervention varient plus que dans une position de traducteur salarié.

Il s’enregistre sur des plateformes en ligne de traducteurs freelance telles que Proz qui permettent de proposer ses services aux entreprises et agences du monde entier. Ces plateformes offrent une gamme de services et de fonctionnalités destinés à aider les traducteurs et les interprètes à trouver des opportunités de travail, à développer leurs compétences, à établir des contacts professionnels et à accéder à des ressources utiles pour leur métier.

Il peut, pour s’assurer un fond de roulement, devenir traducteur assermenté. Il peut alors effectuer des traductions certifiées. Pour exercer, le traducteur assermenté doit respecter une procédure légale se faire inscrire auprès du tribunal de grande instance de sa circonscription. Il sera alors agréé par le ministère des affaires étrangères.

La rémunération dépend du nombre de commandes et varie en fonction de la nature de chaque projet. Après plusieurs années, un traducteur professionnel, qui a su se constituer une clientèle fidèle, peut voir sa notoriété et par là-même son revenu évoluer sérieusement.

Autres points à ne pas négliger : les charges, telles que l’assurance maladie et la retraite, qui sont à déduire du chiffre d’affaires. Comme tout entrepreneur indépendant, le traducteur interprète ne bénéficie pas de congés maladie ou de maternité, à moins de souscrire des assurances complémentaires. Pour la retraite, il devra cotiser pour un fonds privé.

Devenir traducteur pour une agence de traduction

Beaucoup de traducteurs recherchent à être recrutés par une agence de traduction. Les places sont chères car l’agence de traduction sélectionne les meilleurs traducteurs partout dans le monde, elle déniche également les jeunes talents les plus prometteurs. L’agence Atenao reçoit près d’une dizaine de candidatures chaque jour, très peu, sont retenues. Les tests de sélection de l’agence intègrent une partie de vérification du CV et des références et une partie test (traduction, correction). Une fois recrutés, les traducteurs sont notés à chaque traduction réalisée, une méthode qui permet de garantir des travaux de qualité.

L’impact de l’IA sur l’activité du traducteur professionnel

Avec l’arrivée de l’IA, les universités constatent que les inscriptions en cursus de traduction diminuent. Inutile de se voiler la face, les progrès de l’IA menacent les métiers liés à la traduction écrite et à la traduction audiovisuelle telle que le doublage. Au sein d’Atenao, on constate qu’un grand nombre d’entreprises ont décidé d’internaliser une partie de leurs traductions en passant par ChatGPT, Deepl ou Google et d’en confier la relecture à leurs salariés. Le métier change et l’Eldorado que représentait le métier de traducteur professionnel semble disparaître. Soyons clairs, seuls les meilleurs survivront.

La croissance du Marché de la Traduction Automatique ne fait que commencer. Selon Grand View Research, le marché mondial de la traduction automatique était évalué près d’un milliard d’USD en 2020 et devrait croître d’environ 40 % d’ici à 2028. Il semble évident que la traduction 100% humaine ne bénéficiera pas d’une telle évolution. Ce que l’on peut craindre, pour le traducteur professionnel de demain, c’est un appauvrissement lié à l’ubérisation de la profession de traducteur. La réalisation intensive de travaux de post-édition et de correction de traduction automatique, vendue 50% à 70% moins chers, par des indépendants plus où moins compétents, mais très nombreux risque de faire disparaître la  magie du métier de traducteur.

Crédits photo : Image par Martine de Pixabay