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Traduction technique, les dangers de la traduction à bas prix

Le secteur technique et industriel est le plus gros consommateur de traduction professionnelle. Souvent perçue uniquement comme un poste de coûts qu’il faut réduire au maximum, la traduction de notices ou de modes d’emploi, externalisée dans les pays à faibles coûts sociaux, semble de plus en plus régresser. Les risques liés à l’approximation des traductions ne sont pourtant pas à prendre à la légère.

 

Ces traductions incompréhensibles que personne n’est censé lire
Voici un exemple de traduction, fautes d’orthographe incluses, de la notice d’un « ordinateur de bicyclette » c’est-à-dire un compteur de vitesse et kilométrique acheté au cours de l’année 2010, cet accessoire est en vente dans plusieurs hypermarchés français.
« Auto Puissance de temps à autre
Afin de réserver les pile. L’ordinateur seront auto puissance tourné quand y a pas de signé pour cinq procès-verbal l’ordinateur seront auto puissance one sans urgent tout boutonner quand utilisateur commencer cyclisme ».
N’ayant pas accès au texte source, nous avons soumis ce texte à une personne maîtrisant la technique des compteurs de vitesse pour bicyclette.Voici ce que devait signifier le texte source.
« Mise hors tension automatique
Afin d’économiser les piles, l’ordinateur sera mis automatiquement hors tension au bout de 5 minutes si aucun signal ne lui parvient. Il sera remis automatiquement sous tension dès que l’utilisateur aura repris la course. »
La traduction initiale étant incompréhensible on peut se demander s’il s’agit d’une traduction automatique, mais l’absence totale de cohérence induit qu’il s’agirait d’une double voire d’une triple traduction automatique, il se pourrait également qu’il s’agisse d’une traduction automatique d’une langue asiatique vers le français puisque les idéogrammes sont souvent mal interprétés par les logiciels, mais qu’importe, le plus important est ailleurs, car ce texte (voir le visuel découpé de la notice) a été effectué dans un cadre commercial et non pas dans le but de rendre service, ce qui d’ailleurs ne dédouanerait pas son auteur. Puisque cette traduction a été imprimée, livrée avec un objet commercialisé, il est plus que probable qu’elle ait été commandée puis réglée sans aucune forme de contrôle. En traduction technique, l’absence de contrôle n’est pas seulement une preuve d’amateurisme, mais relève de l’inconscience.

Le retour aux sources

S’agissant d’un mode d’emploi d’un compteur de bicyclette, une mauvaise traduction n’entraînera probablement pas de danger sérieux, mais nous sommes en état de penser que ce même traducteur, s’il est humain, sévit sur d’autres manuels, celui d’une tondeuse à gazon peut-être, d’une tronçonneuse qui sait, d’un avion ? Et pourquoi pas. Cette « traduction » ne provient sans doute pas d’une agence de traduction d’Europe occidentale, celles-ci sont contraintes, dans un marché concurrentiel d’améliorer toujours plus leur traduction, au mieux pour progresser, au pire pour survivre. De plus en plus d’entreprises européennes qui avaient délocalisé leur achat de traduction vers les pays à dumping ont modifié leur stratégie pour confier de nouveau leurs traductions aux agences de traduction professionnelle européennes. Cela ne signifie pas que les acteurs du marché de la traduction dans les pays à bas coûts sociaux soient des imposteurs, mais l’expansion du marché de la traduction, dont les règles demeurent floues même en Occident, entraîne dans ces pays le développement massif de structure de traductions improvisées et chercher un traducteur compétent, même s’il y en a beaucoup, revient à chercher une aiguille dans une meule de foin.